Thèmes du manuel 1. Fondements de la sauvegarde Fondements en sauvegarde 2. Avantages et inconvénients du sport Avantages et les dommages dans le sport 3. Régulation du stress Le stress règlement 4. Résilience du cerveau et du corps Cerveau et corps résilience 5. Valeurs fondamentales Valeurs fondamentales 6. Regardez, écoutez et créez des liens Regardez, écoutez & lien 7. Play-by-Play Play-by-Play

6. Aider les jeunes joueurs en difficulté

Il y aura des moments où les jeunes joueurs seront en détresse, et les entraîneurs doivent savoir comment réagir sur le moment. Les entraîneurs peuvent réagir en utilisant ces actions de premiers secours psychologiques (PFA) :

Regardez

Regardez la vignette
  • Observez la dynamique du groupe.
  • Recherchez les joueurs en détresse.
  • Recherchez les dangers évidents et atténuez-les.

Écouter

Exemple de vignette
  • Prenez contact avec les jeunes joueurs qui ont besoin de soutien.
  • Aidez les jeunes joueurs à se calmer (à réguler leurs émotions).
  • Soyez à l'écoute de leurs besoins et de leurs préoccupations.

Reconnaître la détresse

La détresse est une réponse émotionnelle et physiologique négative au stress. Elle peut survenir lorsqu’un jeune joueur se sent dépassé par les exigences, les pertes ou les menaces perçues. Les signes de détresse varient d’un joueur à l’autre : inquiétude ou tristesse intense, peur, colère ou autres émotions fortes. Les réactions de détresse peuvent être accentuées chez les joueurs qui ont déjà des difficultés à réguler leurs émotions.

La détresse des jeunes joueurs peut être déclenchée par différents facteurs

  • Quelque chose qui fait qu’un jeune joueur ne se sent pas en sécurité ou n’est pas le bienvenu (compétition, brimades, rappels d’expériences passées).
  • Être incapable de relever un défi sportif et ressentir de la frustration, un manque de compétence ou de l’embarras.
  • Stress dans la vie quotidienne des jeunes joueurs en dehors du sport (violence à la maison, difficultés scolaires, etc.).
  • Stress permanent pour les jeunes joueurs déplacés (difficultés d’adaptation et d’intégration dans de nouvelles circonstances, nouvelles d’un nouveau conflit dans le pays d’origine ou perte d’un être cher).

Se préparer à répondre à une situation de détresse

Pour les entraîneurs sportifs travaillant avec des jeunes touchés par le déplacement, se préparer à l’avance à soutenir les jeunes joueurs en période de détresse peut s’avérer extrêmement utile. Apprenez à connaître le contexte de vos joueurs et de vos collègues entraîneurs grâce à ces questions de préparation :

A propos des joueurs

  • Quels sont l’âge, le sexe, les capacités et le milieu culturel des jeunes joueurs que vous allez entraîner ?
  • D’où viennent-ils et quelles sont les informations dont vous disposez sur ce qu’ils ont pu vivre ?
  • Y a-t-il des jeunes joueurs issus des communautés déplacées et des communautés d’accueil ?
  • Y a-t-il des jeunes joueurs susceptibles d’avoir des convictions culturelles, religieuses ou politiques différentes ?

A propos du contexte

  • Quels sont les risques dans votre contexte ? Existe-t-il des dangers potentiels pour les jeunes joueurs et les entraîneurs ?
  • Quelles sont les ressources dans votre contexte ? Quels sont les services et les aides disponibles et accessibles aux jeunes joueurs, s’ils en ont besoin ? (par exemple, soins de santé et de santé mentale, services sociaux, soutien religieux)
  • Comment les familles et les membres de la communauté se situent-ils par rapport aux activités sportives ?

Autres entraîneurs

  • Faites-vous du coaching en solo ou avec d’autres coachs ?
  • Y a-t-il un équilibre entre les hommes et les femmes parmi les entraîneurs ?
  • Les entraîneurs partagent-ils la même langue et la même culture que les jeunes joueurs ? Si ce n’est pas le cas, comment la langue et la culture sont-elles prises en compte dans les activités sportives ?
  • Si vous entraînez d’autres personnes, quel rôle jouerez-vous, vous et vos collègues entraîneurs, pour soutenir la détresse des jeunes joueurs ? Comment pouvez-vous communiquer au mieux et vous soutenir mutuellement ?

« Beaucoup d’enfants sont traumatisés par la guerre, par exemple lorsqu’ils entendent un avion voler ou des sirènes ou des sons, ils ont tendance à se cacher, etc. C’est donc vraiment bien de savoir comment gérer cela… Je n’utilise plus de sifflet… »

Marina
Participante au programme de formation des jeunes entraîneurs de la Fondation Scort.

Premiers secours psychologiques (PFA)

Les premiers secours psychologiques (PFA) sont une approche visant à aider les personnes en détresse à se sentir calmes, soutenues et capables d’accéder à leurs propres ressources ainsi qu’à l’aide extérieure dont elles peuvent avoir besoin pour résoudre leurs problèmes.

Pour plus d’informations sur la PFA, consultez les différentes ressources disponibles au Centre de référence pour le soutien psychosocial de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR).

Qu’est-ce que les premiers secours psychologiques ?


Elisa Yee Lai Cheung, conseillère technique de la SMSPS, explique le principe des premiers secours psychologiques. Plus d’informations dans le Centre de référence de la FICR pour le soutien psychosocial.

6.1. Regarder

Gardez l’œil ouvert :

Les entraîneurs doivent être à l’affût des problèmes concernant les joueurs individuels, la dynamique du groupe et l’environnement sportif, et y remédier rapidement. Les éléments suivants sont importants :

Joueurs en détresse

Dynamique de groupe

Des dangers évidents

La détresse peut prendre différentes formes en fonction de l’âge des jeunes joueurs, de leur stade de développement, de leur culture et de leurs expériences antérieures. Certains joueurs en détresse peuvent sembler en colère et agressifs, d’autres peuvent être renfermés et calmes, d’autres encore peuvent être bouleversés et en larmes. Il est important que les entraîneurs comprennent que le comportement n’est probablement pas dirigé contre eux personnellement.

Les comportements difficiles sont souvent qualifiés de « recherche d’attention » et les entraîneurs peuvent réagir en ignorant le comportement ou en refusant de prêter attention. Considérez plutôt ce comportement comme une « recherche de connexion » et essayez de comprendre ce dont le jeune a besoin dans l’instant. Cependant, le jeune joueur peut se sentir dépassé ou frustré, et son comportement reflète son besoin d’aide. Lorsque les entraîneurs peuvent considérer un comportement difficile comme une « recherche de connexion », ils peuvent réagir plus efficacement en toute sécurité et en apportant leur soutien.

La responsabilité première de l’entraîneur est d’assurer la sécurité de l’ensemble du groupe. Assurer la sécurité du groupe peut impliquer de garder un œil sur la dynamique du groupe, à la fois sur le terrain de jeu et en dehors. Essayez d’identifier l’état d’esprit général de l’équipe. Semble-t-elle excitée, en colère, triste, énergique ou léthargique ? Y a-t-il un changement dans l’humeur et l’énergie du groupe ? Prenez des nouvelles de l’ensemble de l’équipe au début des activités sportives, à la fin et à tout moment entre les deux, afin de donner aux jeunes joueurs l’occasion d’exprimer ce qu’ils ressentent. Soyez également attentif aux moments où les joueurs ou l’équipe dans son ensemble sont sur-énergisés et pourraient bénéficier d’activités de refroidissement ou de calme, ou d’une remise à zéro.

Les dangers peuvent se situer dans l’environnement physique à l’intérieur et autour du lieu où se déroulent les activités sportives, mais ils peuvent aussi être liés aux interactions entre les jeunes joueurs ou entre les jeunes joueurs et les entraîneurs. Les entraîneurs jouent un rôle important dans la prévention de l’escalade des conflits et le maintien d’un environnement sûr pour tous. Les entraîneurs doivent intervenir rapidement et renvoyer les jeunes joueurs aux règles de base sur lesquelles tout le monde s’est mis d’accord.

Conseil rapide

Une vérification rapide avec les pouces en l’air, au milieu ou en bas peut être utile pour savoir comment le groupe se comporte et demander un retour d’information pour résoudre d’éventuels problèmes.

6.2. Écouter

Des paroles et des actes qui guérissent

Pensez à un moment où vous étiez en détresse et aviez besoin de soutien. Qu’est-ce que quelqu’un a dit ou fait qui vous a aidé – ou n’a pas aidé ?

  • Souvent, ce qui est le plus utile, c’est une personne qui est pleinement présente avec vous, qui écoute attentivement vos préoccupations et qui vous apporte un réconfort pratique, comme une tasse de thé.
  • Ce qui est moins utile, c’est que quelqu’un intervienne pendant que vous racontez votre histoire, minimise ce que vous ressentez et vous dit ce qu’il faut faire.

Écouter pour se connecter

En plus d’écouter les jeunes joueurs, les entraîneurs doivent entrer en contact avec eux. Pour établir une relation avec un joueur en détresse, suivez ces trois stratégies :

Prendre contact

Aide à l’apaisement

Écoutez bien

Abordez les jeunes joueurs en détresse d’une manière qui leur convienne en fonction de leur culture, de leur âge, de leur sexe et du type de détresse qu’ils peuvent éprouver.

Pour un joueur anxieux, adoptez une voix douce et une approche délicate. Pour un joueur renfermé, reconnaissez sa détresse sans forcer la conversation. Pour un joueur en colère, restez calme afin de créer un environnement prévisible.

Faites attention non seulement à ce que vous dites, mais aussi à la manière dont vous le dites et à votre langage corporel. Offrez votre soutien dans des espaces sûrs et visibles. Adaptez votre approche à chaque situation afin d’assurer la sécurité et le confort de tous (voir 1. Fondements de la protection).

Par exemple, il peut être plus approprié pour un jeune joueur d’une certaine culture d’être soutenu par un entraîneur du même sexe. De même, le fait de toucher certains jeunes joueurs peut déclencher des sentiments dangereux. Demandez-leur ce qui est confortable pour eux avant de les étreindre ou de les toucher, afin qu’ils puissent fixer leurs limites physiques et avoir le sentiment de contrôler la situation (voir quelques exercices d’apaisement ici).

Un jeune joueur en détresse a besoin de se sentir plus calme avant de pouvoir entrer en contact avec son entraîneur et réfléchir à la situation. (Rappelez-vous : calme-connexion-entraîneur !).

Au lieu d’isoler un joueur en détresse, guidez-le dans des activités qui l’aideront à se détendre. Il peut s’agir d’activités de remise à zéro, de faire rebondir un ballon, de marcher, de courir ou de taper dans un ballon avec quelqu’un.

Si vous entraînez un joueur seul, évaluez s’il peut le faire seul et le contrôler plus tard, ou si l’entraîneur doit s’occuper de lui directement pendant que les autres s’adonnent à une autre activité.

Bien écouter est une compétence et le plus beau cadeau que l’on puisse faire à une personne en détresse. La façon la plus utile de soutenir une personne en détresse est souvent d’écouter simplement, sans porter de jugement. Être présent, accepter et comprendre permet d’établir un lien qui favorise la guérison et le rétablissement, même si vous n’avez pas de solution à leur problème. Une écoute engagée et sans jugement est essentielle pour les jeunes joueurs qui partagent des émotions ou des souvenirs difficiles, car elle les aide à se sentir acceptés tels qu’ils sont. Ne posez pas trop de questions au jeune et ne lui donnez pas trop de conseils qu’il n’a pas demandés. Au lieu de cela, donnez-leur un espace pour partager leur histoire, offrez-leur un réconfort pratique comme un verre d’eau et aidez-les à se sentir en sécurité pour qu’ils puissent développer leurs propres solutions avec le coach.

Soutenir les jeunes joueurs en détresse


6.3. Lien

Élaborer des solutions

Une fois qu’un entraîneur a aidé un jeune joueur à se sentir en sécurité (en établissant un lien avec lui et en le calmant) et soutenu (en écoutant attentivement ses besoins et ses préoccupations), ils peuvent réfléchir ensemble et élaborer des solutions en faisant appel à leurs propres forces et ressources. Visez à :

Des solutions simples et immédiates

Accéder aux forces et aux ressources

Connaître ses limites

Les entraîneurs peuvent aider les jeunes joueurs à développer des solutions simples et immédiates pour les aider à faire un premier pas vers la gestion du problème, à se sentir mieux et à rester engagés dans l’activité sportive. Qu’il s’agisse de reprendre des activités immédiatement ou après une convalescence, il est essentiel de co-créer des solutions ensemble, plutôt que de laisser l’entraîneur dicter des actions. Cela donne au jeune joueur de l’autonomie et des choix, l’aide à retrouver un sentiment de contrôle et renforce ses compétences en matière de résolution de problèmes. Le fait de pouvoir agir favorise leur guérison et leur rétablissement à la suite d’événements stressants.

La détresse peut donner aux jeunes joueurs un sentiment de perte de contrôle et réduire leur confiance en eux. En les aidant à reconnaître et à utiliser leurs forces et leurs capacités d’adaptation, vous renforcez leur confiance et leur efficacité personnelle. Demandez aux joueurs quelles sont leurs stratégies d’adaptation positives et quels sont les systèmes de soutien qui les aident à se sentir mieux. Encouragez-les à utiliser ces ressources, y compris leurs amis, leurs coéquipiers, leur famille et les autres membres de la communauté avec lesquels ils se sentent en contact. Soulignez les stratégies nuisibles qu’il convient d’éviter, par exemple le tabagisme, la consommation d’alcool ou les bagarres.

Les entraîneurs jouent un rôle particulier en tant que mentors dans la vie des jeunes joueurs, mais ils doivent également comprendre les limites de ce rôle. Un encadrement sûr et positif implique de reconnaître quand un jeune joueur a besoin d’un soutien plus important que celui qu’un entraîneur peut lui apporter. Les jeunes joueurs touchés par le déplacement peuvent avoir besoin d’un soutien supplémentaire de la part des services sociaux, des professionnels de la santé ou de la santé mentale, d’un soutien juridique et d’autres services spécialisés.

Tenir compte des systèmes de soutien existants

Les ressources existent à différents niveaux – au sein des jeunes joueurs eux-mêmes, de leur famille et de leurs amis, des ressources de la communauté, des institutions et des services spécialisés au sens large. Il peut s’agir, par exemple, des propres forces des jeunes joueurs, des clubs communautaires et des soutiens religieux, ainsi que des services de santé, de santé mentale et des services sociaux. Les entraîneurs doivent identifier et utiliser les ressources disponibles au niveau local et impliquer les familles de manière appropriée et en toute sécurité. Dans l’idéal et dans la mesure du possible, l’implication de la famille dans le soutien et la résolution des problèmes doit se faire en connaissance de cause et avec le consentement du jeune joueur.

Oleksandr (37 ans) entraînait une équipe de football pour les jeunes à risque dans sa ville natale de Donetsk, en Ukraine, pendant son temps libre. Contraint de fuir à cause de la guerre, il a trouvé refuge dans l’ouest de l’Ukraine et était déterminé à continuer à entraîner et à être un modèle positif pour les jeunes joueurs, en particulier ceux qui avaient été déplacés ou qui avaient connu d’autres adversités.

Oleksandr a participé au programme de formation des jeunes entraîneurs de la Fondation Scort en Ukraine. Au cours de ce programme, il a appris à proposer des activités sportives régulières aux enfants, en leur apportant un soutien psychosocial. « Pour moi, il est important de ne pas se concentrer uniquement sur la santé physique, mais aussi sur la santé mentale, l’éducation, l’esprit d’équipe et les besoins émotionnels des enfants. Je pense qu’il est essentiel que les enfants sentent qu’ils sont des individus à part entière et qu’ils sont dignes d’intérêt.

Conscient des défis auxquels sont confrontés les enfants qui ont connu la guerre ou dont les familles se trouvent encore dans des zones de guerre, il a souligné l’importance des approches holistiques impliquant les parents et les éducateurs. En encourageant l’ouverture d’esprit, son objectif est de fournir aux enfants les compétences dont ils ont besoin pour développer leur résilience et leurs mécanismes d’adaptation.

Contribution de la Fondation Scort

Les drapeaux rouges sont levés lorsqu’un jeune joueur…

  • les actions qu’ils subissent (abus physiques ou sexuels, négligence) ;
  • risquent de se faire du mal (y compris des pensées suicidaires) ou de faire du mal à autrui ; ou
  • semble souffrir d’une maladie mentale grave ou n’est pas en mesure de s’occuper de ses fonctions quotidiennes de base (s’habiller et se nourrir).

Dans ce cas, l’entraîneur peut avoir l’obligation de signaler la situation aux autorités compétentes (par exemple, les services de protection) de sa région, afin d’assurer la sécurité du jeune et des autres. Il est important que les entraîneurs connaissent parfaitement les lois locales en matière de signalement obligatoire.

Références